Par Pascal Malingue.
La singularité de l’impression braille en fait une rareté sur le territoire français. Les imprimeries qui proposent des imprimés de ce type sont peu nombreuses. Pourtant, l’histoire de ce langage nous rappelle qu’il est bien plus que cela : c’est une véritable porte sur le monde pour les personnes malvoyantes. Née de Louis Braille au XIXème siècle, cette écriture tactile est un appel à l’inclusion et à l’autonomie.
L’importance du braille ne peut être sous-estimé. D’après la Fédération des aveugles de France, près de 1,7 million de personnes sont atteintes d’un trouble de la vision dont 207 000 aveugles ou malvoyants profonds ! Et au-delà de ces chiffres, l’accessibilité devrait être au cœur de nos priorités. Intégrer ce langage aux supports imprimés, que ce soit sur les emballages alimentaires ou les livres est loin d’être un luxe mais bien une nécessité.
Alors que le digital révolutionne le secteur de l’imprimerie, n’est-il pas temps de redonner au braille sa noblesse afin que ce ne soit plus une exception mais la règle ?
Tout jeune adolescent, Louis Braille, atteint de cécité à la suite d’un accident à l’âge de trois ans, met au point un alphabet emprunté à la technique de l’écriture nocturne appelée aussi sonographie inventée par Charles Barbier de la Serre. C’est ainsi que le braille vit le jour.
Aujourd’hui, il demeure un outil d’inclusion indétrônable. Mais force est de constater que son apprentissage et son utilisation sont encore en retrait. En 2018, Handicap.fr rappelait que seulement 15% des personnes malvoyantes étaient en mesure de lire le braille, en France. Un constat qui pousse à réfléchir sur les leviers d’action possibles pour favoriser son apprentissage et son intégration dans divers supports imprimés, favorisant ainsi l’autonomie des personnes malvoyantes.Les méthodes d’impression sont variées et s’appuient sur des machines innovantes.
On distingue notamment la technique d’embossage. Les embosseuses fonctionnent en créant des points en relief à travers une feuille de papier. Ainsi sont créés des caractères braille perceptibles au toucher. L’Everest est une de celle-ci. Haut de gamme, elle offre une impression braille de qualité. Elle permet une impression recto verso, sans endommager les points du côté opposé.
Certaines imprimantes sont également en mesure de superposer plusieurs couches de vernis UV pour créer un relief 3D sur une grande variété de support. L’intérêt de telles machines, c’est qu’elles permettent de marquer des supports imprimés qui sont à destination de personnes non-voyantes comme des personnes voyantes.
Bien sûr d’autres techniques existent, comme la gravure ou des méthodes qui utilisent la chaleur pour créer du relief.
En France, quelques imprimeurs se démarquent dans ce domaine, bien qu’ils restent encore rares.
Dans ce contexte, le CTEB (Centre de Transcription et d’Edition en Braille) mérite une mention spéciale. Cette association située à Toulouse est à la fois une maison d’édition proposant des ouvrages destinés aux personnes malvoyantes mais aussi la plus grande imprimerie braille actuellement. Ainsi ils garantissent l’accès à l’information et à la culture pour les personnes non-voyantes ou malvoyantes.
Il y a également l’Association Valentin Haüy* fondée en 1889. Cette dernière a pour mission d’assister les personnes malvoyantes à travers diverses actions dont l’offre d’ouvrages en braille. Elle dispose de deux imprimeries intégrées qui permettent de produire une large gamme de documents en braille.
Pour finir notre présentation des imprimeries braille les plus connues, nous souhaitions aussi vous parler de l’entreprise Laville Braille. C’est une imprimerie spécialisée dans le gaufrage et le thermo relief. Située à Lyon, l’expertise des équipes s’étend à l’élaboration de divers supports : cartes de visite, plaquettes, étiquettes, menus de restaurant, etc. Et le tout en braille !
*A noter que cette association porte le nom de l’un des premiers à s’intéresser aux aveugles et malvoyants : Valentin Haüy. Ce dernier fonda en 1786, à Paris, la première école pour les enfants déficients visuels qui est toujours existante aujourd’hui sous le nom d’INJA.Bien plus qu’une avancée technique, intégrer le braille c’est endosser une responsabilité sociale et œuvrer pour une société inclusive. La route est encore longue, les procédés restent encore à être perfectionnés. Les délais d’impression sont longs, un livre de poche de 300 pages finira par en faire le double car l’écriture braille nécessite plus de place pour assurer une bonne lecture digitale. Le coût final est donc plus important qu’un livre lambda.
Il est à espérer que les prochaines années soient témoins d’innovations encore inédites permettant d’améliorer encore un peu les techniques d’impression braille. Peut-être arriverons nous à créer un avenir où chaque lettre, chaque image et chaque packaging puissent parler à tous les sens sans exception.
Pascal MALINGUE
Directeur Général Cadratin Software, Cogilog et Shop Application